Ces dernières semaines, nous avons partagé 10 lignes directrices pour corriger certaines idées reçues.
10 fois de la résistance face à des préjugés tenaces.
Le fil conducteur : ne croyez pas tout ce qui se dit sur les personnes qui bénéficient de la protection sociale.
À partir de là, nous continuons à construire une société où chacun peut vivre dans la dignité.
Nous les avons partagées ces dernières semaines, et nous les rassemblons ici à nouveau.
Voici nos lignes directrices pour une protection sociale forte :
1. Quand on travaille, on doit être socialement protégé : des salaires (bruts) suffisamment élevés.
En Belgique, une personne qui travaille a 4,7 % de chances de tomber dans la pauvreté.
Cela concerne environ 230 000 travailleurs pauvres.
Une partie de la solution : des salaires plus élevés.
Ils sont abordables. Une part de plus en plus faible des bénéfices est consacrée aux salaires, et la contribution des employeurs à la sécurité sociale a été réduite ces dernières années.
2. Des allocations supérieures au seuil européen de pauvreté
Tu penses qu’on peut s’en sortir avec une allocation de chômage minimale ou le revenu d’intégration ? Détrompe-toi.
Surtout celles et ceux qui doivent louer sur le marché privé n’y arrivent souvent pas.
Toutes les allocations doivent être augmentées au-dessus du seuil de pauvreté européen.
Logique, non ?
3. Pas de conditions inefficaces : faire confiance aux gens !
Une société solidaire peut attendre quelque chose des gens, mais elle doit toujours garantir une vie digne.
En multipliant les conditions, cette garantie disparaît.
Qu’est-ce qui aide ? Un bon accompagnement social et la confiance.
Qu’est-ce qui ne fonctionne pas ? Les sanctions.
Elles provoquent du stress, poussent les gens vers des emplois précaires et mal payés, et les enferment dans la vulnérabilité.
4. Tout le monde égal devant la loi
De plus en plus de compétences sont transférées aux villes et communes, qui appliquent leurs propres règles.
Le résultat : certaines personnes reçoivent plus, d’autres moins – selon leur lieu de résidence.
Ce n’est pas juste. Certaines communes utilisent des conditions pour exclure certains groupes.
C’est de la discrimination.
La protection sociale doit être organisée au minimum au niveau régional, et de préférence au niveau fédéral.
5. La dignité humaine pour toute personne sur notre territoire
En Belgique, environ 120 000 personnes vivent en séjour irrégulier.
Elles vivent souvent en marge de la société et sont exploitées dans des emplois précaires.
Elles aussi doivent avoir accès à la protection sociale. Elles ont plein des talents et compétences qu’elles ne peuvent pas utiliser.
Une vie digne est un droit universel.
6. Les épaules les plus fortes portent le poids le plus lourd
Les personnes riches doivent contribuer davantage – en montant total et en pourcentage.
Aujourd’hui, les 10 % les plus riches en Belgique possèdent autant que le reste de la population, mais leur pression fiscale diminue.
C’est inacceptable. Il existe un large soutien pour une taxation plus élevée des grandes fortunes.
7. Continuez à organiser la protection sociale sur la base d’une solidarité indirecte
La protection sociale fonctionne grâce aux contributions de toutes et tous, pour toutes et tous.
Parfois, on a besoin de soutien, parfois non – mais on contribue toujours.
Le système doit être organisé par les pouvoirs publics, et ne pas dépendre de la charité.
La solidarité est un droit, pas une faveur.
8. Un système d’universalisme progressif
La protection sociale doit s’adresser à un large public, avec un soutien renforcé pour celles et ceux qui en ont besoin.
Pourquoi pas uniquement pour les personnes en difficulté ?
Parce que cela affaiblit le soutien au système.
Un système pour les pauvres est un pauvre système.
9. Des services proactifs et un octroi automatique des droits
Beaucoup de personnes ne savent pas à quels droits elles peuvent prétendre, ou n’osent pas faire le premier pas.
Les autorités doivent vérifier elles-mêmes si quelqu’un y a droit, et attribuer automatiquement les droits.
Si cela n’est pas possible, la procédure de demande doit être aussi simple que possible.
10. Une sécurité sociale forte avec l’assistance comme ultime filet de sécurité
Il existe une tendance à démanteler la sécurité sociale : la durée du chômage est limitée, les périodes d’attente sont prolongées, les allocations d’insertion disparaissent.
Cela plonge les gens dans l’insécurité financière.
Le nombre de personnes bénéficiant du revenu d’intégration est passé de 82 345 en 2008 à 156 480 en 2023.
De plus en plus de personnes tombent entre les mailles du filet et ne peuvent plus contribuer à la société.
Cela nous affaiblit toutes et tous.
Nous partageons ces lignes directrices. Mais notre travail ne s’arrête pas là.
Avec ces dix lignes directrices, nous faisons le choix d’une société qui ne laisse personne de côté.
Nous continuerons à les partager, à les répéter et à les défendre.
Nous continuerons à lutter contre les préjugés et la désinformation.
Les abus sont l’exception, pas la règle.
Nous continuerons à construire une protection sociale fondée sur la solidarité, la justice et l’humanité.